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Encyclo Foot
20 janvier 2021

Thierry Henry contre Fernando Torres (3eme partie)

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III La légende

1) Le niveau de jeu

Les buts marqués et les trophées remportés laissent une trace indélébile pour décrire un joueur. Néanmoins, il serait injuste de juger un footballeur uniquement sur cela. L'apport sur le jeu, le niveau technique, la pointe de vitesse et autres données difficiles à résumer avec des chiffres ont également leur importance. Car le football, c'est avant tout du spectacle.

Thierry Henry et Fernando Torres étaient tous deux des attaquants rapides. Leur premier point fort était la vitesse avec ou sans ballon. C'étaient des dévoreurs d'espace. Si on les lançait en profondeur à la limite du hors jeu, on pouvait être certain qu'ils allaient arriver jusqu'au gardien adverse. Face à eux, les défenses devaient donc appliquer un marquage des plus stricts.

Lorsque Henry a débuté dans le monde professionnel à la fin des années 1990, ce genre de profil n'était pas aussi répandu qu'aujourd'hui. On privilégiait à l'époque des avants centres solides et les éléments rapides étaient cantonnés sur les côtés. Pour preuve, Titi évolua pendant plusieurs années en tant qu'ailier gauche bien qu'il ne soit jamais du genre à sprinter jusqu'au poteau de corner et a centrer. On peut donc considérer qu'il a lancé une mode après lui.

Capables de remonter tout un terrain en quelques secondes, ces deux attaquants éprouvaient un peu plus de mal face à des défenses renforcées et bien en place. Toutefois, leur sens du dribble et leurs facultés techniques nettement supérieures à la moyenne leur permettaient très souvent de s'en sortir.

Tous deux étaient bien évidemment très réalistes face au gardien. Henry était principalement un adepte des frappes en finesse. Il est devenu l'un des plus grands spécialistes du tir en feuille morte et en a fait sa marque de fabrique. Il a également transformé des coups francs à l'occasion. En revanche, Torres n'avait pas de style particulier tant que cela était spectaculaire.

Plus à l'aise que son rival dans les petits espaces, El Nino aimait beaucoup provoquer ses adversaires en un contre un. A contrario, Titi optait toujours pour l'efficacité. Il ne cherchait à éliminer son vis à vis qu'en cas de nécessité et n'hésitait pas à s'appuyer sur ses partenaires. C'est sans doute la raison pour laquelle il a délivré autant de passes décisives.

Les deux joueurs possédaient un niveau à peu près équivalent sur le terrain. En revanche, Henry a duré beaucoup plus longtemps que Torres. Certes, il a eu la chance de très peu se blesser contrairement à l'Espagnol qui a notamment été écarté des terrains pendant plusieurs mois en 2009/2010. Mais aussi et surtout, le Français a su maintenir un niveau d'exigence très élevé envers lui même. Après sa carrière, il avoua un jour « Après un but, je ne manifestais pas souvent ma joie parce que je me disais « Mais comment ais-je pu rater l'occasion d'avant ? » ». Bien des footballeurs n'ont pas partagé la moitié de son professionnalisme. Or, la régularité dans les performances est essentielle pour demeurer dans l'histoire du ballon rond.

Avantage Thierry Henry

2) L'image

Bien qu'il soit le meilleur buteur de l'histoire de son pays, Thierry Henry n'a pas bénéficié d'une énorme côte d'amour en France. Certes, on l'aimait bien mais on ne l'a jamais idolâtré comme un Zidane par exemple. Il a été d'ailleurs très critiqué par les médias français suite à sa main lors du match en Irlande (1-1) pour les barrages du Mondial 2010.

Un tel traitement peut paraître injuste mais il s'explique pour trois raisons. Pour commencer, comme nous l'avons déjà dit plus haut, Henry n'a quasiment pas marqué lors des grands matchs. Il n'a jamais sortit la France d'une situation délicate ni ne lui a offert un titre. Quand on pense à Trezeguet, on revient immédiatement sur son but en or lors de la finale de l'Euro 2000. Concernant Zidane, ce sont ses deux coups de tête en 1998 contre le Brésil. Mais Titi n'a malheureusement pas un match référence en Bleu. Il a certes été le meilleur sur l'ensemble de sa carrière mais il n'est pas le plus mythique des joueurs français.

Deuxième raison, Henry a quitté la France beaucoup trop tôt. C'est au cours du mercato hivernal 1999 à l'age de 21 ans seulement qu'il s'est envolé pour la Juventus de Turin. Cet exil lui a été fatal puisqu'il s'est cassé les dents en Italie. A cette époque, l'arrêt Bosman n'avait pas encore 10 ans. L'argent était un peu moins présent dans le football. Certes, les meilleurs Bleus évoluaient déjà à l'étranger mais ils ne partaient pas avant d'avoir disputé de nombreuses saisons en Ligue 1 et atteint un age plus mure. Par exemple, Zidane et Deschamps se sont envolés pour Turin à 24 et 26 ans. Les Français avaient eu le temps de les voir grandir et évoluer. A contrario, Henry les a quitté avant même d'être devenu un ténor de son club Monaco. Il a tout offert à l'Angleterre, y compris sa jeunesse. C'est donc normal qu'un sentiment de frustration et un goût d'inachevé soit apparut entre lui et l'hexagone.

Enfin, Qu'on le veuille ou non, Henry fait partie de l'affaire Knysna. Promut en tant que leader de l'équipe de France, on s'attendait à ce qu'il recadre les siens lors de la triste période 2008/2010. Or, il n'a rien fait dans ce sens. Attentiste, il n'a pas eu les épaules pour venir au secours de Raymond Domenech. Et en ce 20 juin 2010, il a refusé de sortir du bus alors que, de par son statut et son aura, il avait certainement le pouvoir d'influencer les autres vers la bonne marche à suivre. C'est d'ailleurs sur cette image lamentable que s'est terminée sa carrière en Bleu. Une conclusion bien peu élégante au regard de son parcours.

En revanche, Titi a su devenir le roi d'Angleterre, ce qui n'était pas chose aisée. Il a fait un choix intelligent de rester fidèle à Arsenal pendant très longtemps. Placé ainsi dans les meilleures conditions et entouré de nombreux Frenchies (Pirès, Wiltord, Vieira...), il a pu dépasser Ian Wright et devenir le meilleur buteur de l'histoire des Gunners avec 230 buts toutes compétitions confondues ! Ces derniers l'ont d'ailleurs remercié en sculptant une statue à son effigie près de leur stade.

Henry a toujours témoigné son attachement pour Arsenal et il est même revenu y faire une pige de deux mois en 2012. Il n'aurait probablement jamais quitté ce club si celui ci avait continué de gagner en Angleterre. Mais après avoir perdu la finale de la Ligue des Champions en 2006, Titi a sans doute senti que sa chance avait tourné et c'est pourquoi il l'a quitté pour Barcelone.

En Espagne, il n'a en revanche pas laissé une trace indélébile. L'axe lui a été refusé au profit de Samuel Eto'o et il été contraint de s'exiler sur l'aile gauche. Après avoir eu des difficultés d'adaptation, il a réalisé une superbe saison 2008/2009 mais n'a pas confirmé l'année suivante et a finit par être poussé sur le banc par le jeune Pedro. N'ayant plus sa place dans le onze de Pep Guardiola, il s'en est logiquement allé en 2010. Les Catalans retiendront un bon souvenir de lui mais ne seront pas marqués par son passage. Il faut dire que de nombreux autres grands noms évoluaient au Barça en même temps que lui (Ibrahimovic, Ronaldinho, Messi...).

 

Passons maintenant à Fernando Torres. Dès ses grands débuts en professionnel, il a joué un rôle déterminant pour l'Atletico Madrid. En effet, le club se morfondait en seconde division espagnole lorsque est arrivé comme un cadeau du ciel ce petit prodige. A 17 ans seulement, El Nino a permit aux Colchoneros de remonter parmi l'élite, puis de s'y stabiliser plusieurs saisons et enfin d'empocher un chèque colossal à l'époque de 36 M€ lors de son transfert à Liverpool.

Tout ceci n'est pas rien. Selon certains observateurs, Torres a sauvé l'Atletico Madrid. Sans aller jusque là, il a en tout cas grandement contribué à sa renaissance. Si El Nino n'avait pas été formé chez les Colchoneros, il y a fort à parier que ceux ci ne se seraient jamais hissés jusqu'en finale de la Ligue des Champions une dizaine d'années plus tard.

Puis il arriva un temps où El Nino était devenu vraiment trop fort pour rester dans son club formateur. Il aspirait logiquement à jouer la Ligue des Champions et le très haut niveau. Or, un élément de l'Atletico Madrid ne vient jamais au Real Madrid, du moins pas directement. Il ne lui restait donc qu'une seule option, le FC Barcelone. Et celui ci était déjà bien assez pourvu en attaque pour le recruter.

Pour atteindre les sommets, Torres fut donc forcé de quitter l'Espagne. Il se trouva une nouvelle terre d'adoption, l'Angleterre, dans laquelle il passa sept ans. Ses débuts ressemblèrent à un conte de fée. Il devint l'idole des supporters de Liverpool et un footballeur les plus populaires de toute la planète.

El Nino a marqué l'histoire des Reds mais il a commit une énorme erreur en les quittant en plein mercato hivernal 2011 pour Chelsea. Certes, son équipe se trouvait mal classée en championnat et ne participait plus à la Ligue des Champions. Mais tout de même, un joueur de sa trempe ne s'en va pas comme ça. Au lieu de faire ses adieux en tant voulu et de profiter d'un vibrant hommage qu'Anfield lui aurait probablement accordé, il est partit comme un voleur lors des derniers jours du mois de janvier. Trahis, les fans n'en ont pas cru leurs yeux. C'est pourquoi l'Espagnol a laissé en fin de compte une image mitigée et c'est vraiment dommage tant l'histoire entre Liverpool et lui était belle.

Quand on quitte une belle femme pour en prendre une autre, on a intérêt à être sur de son choix sinon on a des regrets éternels. Cet adage s'applique également au football. Non content d'avoir tout gaché à Liverpool, Torres s'est en plus complètement raté à Chelsea. Méconnaissable sur le terrain, ses différents entraineurs ont pourtant tout fait pour le relancer et démontrés beaucoup de patience. Néanmoins, hormis quelques buts importants, El Nino s'est avéré être l'un des pires fiascos de l'histoire des Blues.

Après son énorme échec, El Nino quitta sagement l'Angleterre. Il chercha à se relancer au Milan AC mais se montra tout aussi médiocre en Lombardie qu'à Londres. Heureusement, l'Atletico Madrid vint le chercher au fond du trou et le remit sur les rails, payant ainsi sa dette et lui faisant connaître de derniers grands moments.

On peut considérer que l'Atlético Madrid et Torres se sont rendus mutuellement service. C'est le seul club où El Nino a laissé une image 100% positive. Il aurait pu devenir pour Liverpool ce que Henry a été pour Arsenal. Mais il n'a pas su faire les bons choix de carrière au bon moment contrairement à son rival français.

Heureusement, Torres s'en est mieux tiré avec sa sélection. En inscrivant l'unique but de la finale de l'Euro 2008 contre l'Allemagne, il a offert à l'Espagne un titre qu'elle attendait depuis plus de quarante ans mais l'a également lancé sur un age d'or qui a duré six an. Présent dans tous les succès de cette période, El Nino n'est cependant peut être pas aussi légendaire dans son pays que les étrangers peuvent le croire. Explications.

Les membres de la Roja sont reconnaissables parmi ceux des autres compétitions. Ils sont petits, techniques et très collectifs. Parmi les siens, Torres faisait un peu figure d'exception. Il était grand (1,85 mètre), rapide et dévoreur d'espaces. Autrement dit, il ne ressemblait pas à ses coéquipiers contrairement à David Villa (1,75 mètre).

Certaines équipes auraient été très contentes de compter un profil si particulier dans leurs rangs. Mais l'Espagne misait tout sur la technique, rien sur le physique. C'était une véritable machine de guerre qui pouvait même se payer le luxe de jouer sans avant centre. Mais cela nécessitait en revanche que tous ses éléments se ressemblent et s'entendent très bien.

Eternel enfant du football espagnol, El Nino fut un peu considéré comme un OVNI et ses sélectionneurs ne savaient pas toujours comment le positionner. Bien sur, il était genant de se priver d'une telle gachette mais d'un autre côté, l'équipe était parfois presque toute aussi forte sans lui. Ce choix du riche a coûté cher au joueur. Moins efficace que Villa et moins mythique que Raul, Torres n'est que troisième dans la hiérarchie des attaquants de la Roja.

 

Mythique à Arsenal, Henry a accomplit du bon job de partout mais il n'a pas forcément gravé son nom d'une marque indélébile dans ses autres clubs. A Barcelone, il a un peu déçu, à Monaco il est partit trop tôt et à la Juventus, il s'est raté. En sélection, il a connu souvent le paradis mais un peu aussi l'enfer. Knysna, ça ne s'oublie pas.

De son côté, Torres a fait moins preuve de régularité et s'est complètement raté à certains endroits. Ce sont sans doute les supporters de l'Atletico Madrid qui l'apprécient le plus. Parfois sous exploité en Espagne, il n'a cependant pas à rougir de son bilan et mérite tous ses titres. La joie qu'il a apporté en 2008 à son peuple est immense. Et contrairement au Français, il ne s'est pas distingué par une grève honteuse quelques années plus tard.

Egalité

 

Résultat final : Victoire de Thierry Henry 4-1

 

Photo tirée de Républicain Lorrain

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