Mevlut Erding

Au cours du mercato estival 2013, les dirigeants stéphanois étaient à la recherche d'un nouvel avant centre afin de palier le départ d'Aubameyang. Les semaines puis les mois passaient sans qu'aucune recrue ne vienne renforcer l'effectif. Tant et si bien que l'ASSE commença sa saison avec le seul Brandao en pointe âgé de 33 ans ! On ne peut pas espérer bien figurer au haut niveau avec un unique avant centre, qui plus est si vieux ! La sanction ne se fit pas attendre. Saint Etienne se retrouva éliminé de l'Europa League prématurément dès les barrages.

Ce fut une énorme déception pour tous. Pour avoir voulu trop économiser en essayant de gagner du temps, les dirigeants ont réduit à néant le rêve des supporters. Ils s'empressèrent alors d'agir et de sortir enfin le carnet de chèque. Tandis que l'on parlait de Bafétimbi Gomis quelques jours plus tôt, ce fut Mevlut Erding qui arriva de Rennes en échange de 4,5 millions d'euros.

Assurément, ce n'était pas le même standing ni profil. Formé à Sochaux et passé par Paris, Erding était un avant centre de 26 ans rompu aux joutes de la Ligue 1 qui avait l'habitude d'inscrire en moyenne 10 buts par exercice. Un attaquant confirmé du championnat certes mais certainement pas une pointure digne de remplacer l'international gabonais.

Au cours de la saison 2013/2014, Erding fut mit en concurrence avec Brandao. En effet, Christophe Galtier préféra régulièrement les faire tourner plutôt que de les associer ou de trancher entre les deux. L'international turc bénéficiait cependant de l'atout de la jeunesse contrairement à son rival. Ce n'était sans doute qu'une question de temps avant qu'il ne prenne l'ascendant.

Erding se révéla très irrégulier à Saint Etienne. Si l'on regarde bien, il n'accomplit de bonnes performances qu'en décembre 2013 et en mai 2014 mais elles sauvèrent sa saison. Avec 11 réalisations en championnat, on pouvait même considérer son premier exercice dans le Forez comme satisfaisant sur le plan des chiffres vu son temps passé sur le rectangle vert. En revanche, ce n'était pas le cas dans le domaine du jeu pur.

Il est difficile de classer Erding. Ce n'était un attaquant ni puissant ni rapide ni technique. Il ne disposait pas de capacités physiques impressionnantes ni même d'un jeu de tête remarquable. Son influence sur le terrain était quasiment nulle (presque pas de passes décisives pour ses coéquipiers). Mais malgré tout, il n'avait pas non plus de réel point faible et n'était vraiment mauvais dans aucun secteur véritable. Il ressemblait plutôt à un attaquant à l'ancienne sans aucun style propre. En revanche, il faut lui reconnaître du flair pour sentir les bons coups. A Nice par exemple, il inscrivit son premier but en Vert en allant chiper le ballon directement dans les pieds du gardien à l'issue d'un sprint. Peu auraient tenté une telle action ni même senti l'ouverture. Sa manière de faire trembler les filets était rarement spectaculaire mais il parvenait toujours à franchir la barre des 10 unités en championnat par saison. Il pouvait ainsi continuer de jouer en L1.

De plus, Erding était également pourvu d'une belle mentalité. On sentait chez lui qu'il aimait le football. J'ai envie que mon fils un jour regarde ma carrière et soit fier du nombre de buts que j'ai inscris, déclara t-il. En dépit de son manque de talent, l'homme mouillait le maillot à chaque rencontre et rêvait de se poser à Saint Etienne après avoir pas mal voyagé les années précédentes.

Suite au départ de Brandao lors de l'été 2014, Mevlut Erding fut promut pleinement titulaire en pointe de l'attaque stéphanoise. Il fêta cela par un doublé à Guingamp lors de la reprise du championnat. Malheureusement, cette effervescence ne dura pas longtemps. Alors que de nombreux observateurs le voyaient bien réussir la meilleure saison de sa carrière, son statut de titulaire se retrouva remit en cause quelques jours plus tard avec l'arrivée de Rikky Van Wolfswinkel.

En dépit de ses performances catastrophiques, Galtier maintint pendant très longtemps ce pleutre d'attaquant hollandais dans l'équipe type. Erding rongea son frein à main sur le banc des remplaçants pendant de nombreux mois. Il fallut attendre mars pour que l'entraineur se rende enfin compte de son erreur et le retitularise. L'international turc répondit présent et s'en sortit de nouveau avec des statistiques correctes par rapport à son temps de jeu. Toutefois, il se vit dépasser par Gradel qui se transforma en machine à marquer à la surprise générale pour devenir le roi de l'attaque verte.

Puisque Erding ne possédait pas de style particulier, on ne retiendra aucune action de génie de sa part hormis peut-être son but sur une frappe en cloche des 20 mètres à Nantes. En revanche, on gardera en mémoire sa désastreuse prestation à Paris lors des demies finales de la coupe de France. Sur un contre, le Turc se retrouva face au gardien parisien dans un angle difficile. Au lieu de distribuer un caviar à Hamouma situé sur sa droite, il opta pour la solution personnelle et ne cadra même pas sa tentative. On n'a pas le droit de vendanger une telle occasion de la sorte et surtout pas face au PSG à 1-1 dans une rencontre de coupe ! Les Verts s'inclinèrent en seconde période et aux yeux de tous, Erding fut reconnu comme le coupable de la défaite.

Difficile de revenir dans les bonnes grâces des supporters après ça. Jamais vraiment apprécié ni détesté, Erding était assez indifférent aux yeux de tous. Un gars qui assure le minimum certes mais qui n'a pas les moyens de progresser ni de faire lever les foules. Lors de l'été 2015, l'international Turc jugea bon de mettre les voiles. Après avoir effectué toute sa carrière en France (295 matchs en L1 92 buts), il décida de tenter sa chance à l'étranger et fut vendu à Hanovre 3,5 millions d'euros. Dommage car il aurait pu rendre quelques services supplémentaires en tant que remplaçant. Mais vu son niveau technique, il n'aurait jamais pu perdurer aussi longtemps dans l'élite française si il avait joué quinze ans plus tôt.

Son bilan stéphanois :

-53 matchs en L1 19 buts 2 passes décisives

-4 matchs en Europa League

-2 buts dans les coupes nationales

Photo tirée de wesportfr